Découverte du français: “Les pommes et le français!”
Découverte du français: “Les pommes et le français!”
Je suis chez mon amie et sa petite fille Fathie, qui a deux ans, en France. Je suis en train de parler de ma vie. Malheureusement, je ne connais pas assez bien le français, on parle donc en russe. Fathi ne parle pas, mais elle comprend tout. La ville Almaty où j’ai habité, connue pour ses vergers de pommiers. Il y a même une légende selon laquelle il y avait là le jardin d'Eden, où Adam a cueilli le fruit défendu. Le Calvados est la région très pommiers et ça me rappelle ma terre natale. Almaty comme Caen est une ville petite, agréable et entourée de verdure et de fleurs. Tout à coup, pointant le doigt vers l'une de mes photos, la petite Fathie a demandé : “C'est quoi ça?”. Nous avons été surprises, ce sont ses premiers mots, et elle les a prononcé en français, langue habituelle à ses oreilles.
Moi, je me suis souvenue d’une autre histoire de mon enfance lointaine. Mon enfance s’est déroulée dans un petit village où tout le monde se connait et où tout se sait sur chacun. Les journées se ressemblent, il n’y avait qu’une seule chose - la rue où nous avons passé tout notre temps libre à l'école, donc il n’y avait pas de télévision dans toutes maisons et encore moins d’ordinateurs. Les parents ne pouvaient pas nous appeler à la maison facilement. La nouvelle qu’un enseignant est arrivé, s’est répandue immédiatement dans le village: une femme jeune, belle et .... française. Dans la matinée, tous se précipitèrent à l'école pour voir comment elle était : de grand taille et mince, le visage pâle avec bons yeux grands et rieurs.
- Gulmira, elle est kazakhe - jubilaient les filles…Mais le surnom « la française» est bien établi pour elle. Les élèves du secondaire étaient tombés amoureux d’elle, les petits essayaient de l'aider en tout: pour réaliser une mallette, laver soigneusement le tableau pour l'écriture, la craie avec un chiffon humide. Mon frère bachotait de nouveaux mots avec soin, et murmurait dans son sommeil - les mots ne sont pas clair pour moi: “Je t'aime”. Il portait des bouquets de fleurs sauvages, sous le porche de la maison de l’enseignante.
Pendant l’année, nous avons déclamé :
“Neige, neige blanche,Tombe sur ma manche,Vole un peu partout,
Et puis dans mon cou. Neige, neige blanche C'est demain dimanche…”
Nous avons chanté Joe Dassin et Dalida, pleuré en écoutant Edith Piaf. Nous avons lu Dumas et George Sand… Cela n’a duré qu'un an. Gulmira est allée travailler à Almaty... Mais les leçons de français sont restées pour moi comme un vent frais d’une vie nouvelle et belle, et j'ai vécu avec un grand rêve de me promener sur les Champs-Elysées... Alors, je l’ai réalisé, en étant une étudiante de l’université de Caen.
Gaisha, kazakhstanaise